Festival d’Avignon In et Off, kézako ?

Le Festival d’Avignon, fondé en 1947 par Jean Vilar, est aujourd’hui le rendez-vous international du spectacle vivant contemporain. Chaque année, Avignon se transforme en ville-théâtre, grâce aux salles de représentations qui s’ouvrent à tous les quatre coins de la cité.
Multi-culturel, intergénérationnel, découvrez l’histoire du Festival, de sa création à nos jours.

le festival d'avignon

Au sommaire

  • L’origine du Festival 

 L’artiste Jean Vilar créé le Festival d’Avignon en 1947. Homme de théâtre et de cinéma, metteur en scène, directeur de théâtre et auteur français, il propose à la fois des œuvres méconnues du répertoire universel et des textes plus contemporains.

  • Un seul maître à bord 

Durant 17 ans (soit de 1947 à 1963) Jean Vilar est à la tête du festival. Celui-ci se constitue d’une seule équipe, dirigée par le comédien. De cette manière, Jean Vilar souhaite attirer le jeune public afin de l’initier au théâtre avec une approche plus moderne pour l’époque.

Grâce à sa troupe d’acteurs, Jean Vilar donne vie à une nouvelle vision du théâtre et popularise le festival. Gérard Philipe rejoint la troupe en 1951. Il devient l’un des symboles du Festival, notamment avec son rôle du Cid de Corneille. Ainsi, le Festival d’Avignon devient l’emblème du renouveau théâtral français. Il encourage d’autres expériences théâtrales notamment en province. Ce qui était auparavant considéré comme “un désert culturel” devient le rendez-vous incontournable des régions pionnières dans la dynamique culturelle estivale.

Redonner au théâtre, à l’art collectif, un lieu autre que le huis clos (...)
faire respirer un art qui s’étiole dans des antichambres, dans des caves, dans des salons ; réconcilier enfin, architecture et poésie dramatique.

Jean Vilar, créateur du Festival d'Avignon
  • La naissance du Théâtre National Populaire

Afin de pérenniser la scène du Festival, Jeanne Laurent, directrice des Spectacles au secrétariat d’État aux Beaux-Arts, propose un rapport sur le théâtre national consacré au théâtre populaire. C’est de cette manière que le 17 juillet 1951, elle obtient la validation et propose à Jean Vilar de prendre la direction du Théâtre national de Chaillot qu’il rebaptise Théâtre national populaire,  l’équipe d’Avignon en devient le noyau. De cette manière, Jean Vilar dirige à la fois le Festival et le Théâtre National jusqu’en 1963. L’administration et la troupe qui s’organisent à Paris présentent à Avignon des spectacles qui feront date. Grâce à cela, chaque été, la scène de la cour d’honneur du Palais des papes est investie tel un rituel.

  • Un Festival pluri-disciplinaire

Jean Vilar quitte le palais de Chaillot en 1963, car il craint la lassitude et ne supporte plus le cumul de gestion des deux entités. L’ancien directeur du TNP décide de se consacrer au Festival d’Avignon. À compter de cette date, pleinement investi, Jean Vilar insuffle une nouvelle dynamique. Il invite d’autres metteurs en scène : Roger Planchon, Jorge Lavelli, Antoine Bourseiller. Naissent également de nouveaux lieux d’expression, tels que le Cloître des Carmes en 1967, le Cloître des Célestins en 1968.
Enfin, de nouvelles disciplines artistiques rejoignent le mouvement : la danse dès 1966, avec Maurice Béjart et Le Ballet du XXe siècle ; le cinéma en 1967 avec la projection en avant-première de La Chinoise de Jean-Luc Godard dans la Cour ; le théâtre musical enfin, avec Orden mise en scène par Jorge Lavelli. Le public, quant à lui, est plus que jamais au rendez-vous.

Dès lors, le Festival est plus difficile à maîtriser. En 1968, la vague de révolte étudiante de mai frappe l’évènement, malgré l’implication de Jean Vilar face à la jeunesse.
Jean Vilar meurt d’une crise cardiaque en 1971.

Paul Puaux, le successeur de Jean Vilar

Paul Puaux, le nouveau directeur

C’est Paul Puaux qui prend la suite de Jean Vilar. Par sa nomination, il confie la scène de la Cour d’Honneur aux héritiers du Théâtre National Populaire. De cette manière, les représentations deviennent plus minimalistes et contemporaines.
La Chartreuse de Villeneuve lez Avignon, ancien monastère du XIVe siècle, devient le Centre international de recherches de création et d’animation (CIRCA). Ce nouvel endroit devient également un lieu de résidence pour les artistes. Au sein de ce nouvel espace s’organisent des expositions, des concerts, et des Rencontres internationales.

  • La naissance du Festival OFF

Parallèlement au Festival, émerge le « off » en 1966, qui doit son nom à la journaliste de France soir Jacqueline Cartier. Ce nouvel espace de création artistique se développe sous l’initiative d’André Benedetto.Il s’agit d’un regroupement de compagnies d’abord locales puis de jeunes équipes venues des quatre coins de France désireuses de toucher le public du Festival. Sans pour autant avoir été sélectionnées par la direction du Festival, elles veulent participer à ce qui devient la grande fête estivale du théâtre, rendez-vous incontournable des professionnels et du public amateur de théâtre.

En 1980, le Festival n’est pas subventionné par l’État. Afin de pouvoir se moderniser, Paul Puaux passe la main à Bernard Faivre d’Arcier. Cependant, l’ancien directeur reste dans le sillage du Festival : il crée la Maison Jean-Vilar. 

L’État rentre au sein du conseil d’administration du Festival. En parallèle se développe une équipe d’organisation, afin de faire face aux exigences techniques de plus en plus sophistiquées. Le Festival devient l’une des plus vastes entreprises de spectacles vivants. Symbole du changement, l’affiche est confiée chaque année à un plasticien différent, afin d’affirmer sa singularité annuelle.

Le Festival OFF
  • Le Festival s’ouvre à l’étranger

En 1985, Alain Crombecque prend les rênes d’Avignon. Lui insiste sur les lectures des poètes contemporains, organise des moments de rencontre avec de grands acteurs, met en lumière la musique contemporaine et les traditions extra-européennes (musique indienne, africaine, pakistanaise, iranienne…).
En 1992, le programme se consacre à l’Amérique hispanique, Avignon s’internationalise.
En 1993 Bernard Faivre d’Arcier revient au Festival avec pour ambition, de faire d’Avignon l’un des pôles européens du théâtre. Grâce à un budget renforcé, le public est au rendez-vous et chaque été se joue plus de 300 représentations, réparties sur une vingtaine de lieux. 
Le Festival poursuit l’ouverture internationale grâce aux programmations de spectacles traditionnels et contemporains originaires du Japon, Corée, Taïwan, Inde, Amérique latine. De grands artistes européens participent tels que Pina Bausch, Declan Donnellan, Romeo Castellucci et Alain Platel. Il s’ouvre aussi aux pays d’Europe centrale et orientale avec une saison russe en 1997.

  • Olivier Py, le retour d’un artiste aux commandes

En septembre 2013, Olivier Py prend la direction du Festival d’Avignon. C’est le premier artiste depuis Jean Vilar à prendre les commandes. Metteur en scène de théâtre et d’opéra, réalisateur mais aussi comédien et poète, Olivier Py est un auteur engagé. Avec un souci de proximité avec le public , Olivier Py transforme la programmation du Festival. Il met en place de nouvelles formes de rencontres. Les Ateliers de la pensée s’organisenet sur le site Louis Pasteur de l’Université d’Avignon : tous les jours, les savoirs sont partagés au coeur d’un jardin. Ainsi, rencontres et débats avec des penseurs, des journalistes, des politiques ou des artistes s’entremêlent. Dans le même temps, la prise en compte des publics plus jeunes est renforcée grâce aux Cemea et aux collectivités territoriales.
En décembre 2021, le Conseil d’administration prolonge d’un an le mandat de Olivier Py et Paul Rondin.

Si chaque édition est différente des autres, fondée sur une certaine diversité des regards, la création contemporaine reste au centre du Festival (...) avec sa prise de risque et la confiance placée dans les artistes. La plupart d’entre eux créent spécialement des œuvres pour Avignon et son public, ce qui est la manière la plus aiguë d’interroger les esthétiques d’aujourd’hui.

Le saviez vous ?


En 76 ans d'existence, le Festival a connu seulement deux annulations !

La première en 2003, l'édition du Festival s’annule pour la première fois depuis sa création à cause d’un mouvement de grève généralisé suite aux modifications des règles d’indemnité chômage des intermittents du spectacle.

La seconde est l’édition 2020, annulée pour des raisons sanitaires, en pleine pandémie mondiale.